Le président de la République était en forme hier soir lors de son intervention télévisée. Je ne reviendrai pas sur la violation de la présomption d'innocence dans l'affaire Clearstream largement commentée aujourd'hui sur le net ( Nicolas Sarkozy a affirmé qu' "au bout de deux ans d'enquête, deux juges indépendants ont estimé que les coupables devaient être traduits devant un tribunal correctionnel"). Le président a dû également s'exprimer sur le sujet de la taxe carbone. Et décrypter ses propos, ou du moins tenter de le faire, est intéressant à plus d'un titre.
Passons sur les arguments scientifiques énoncés par le Président pour justifier la taxe carbone, dont l'objectif serait de modifier les comportements des Français au quotidien. Nicolas Sarkozy a indiqué ensuite qu'il fallait "une taxe carbone aux frontières de l'Union Européenne". Ce serait effectivement souhaitable. Seule une taxe généralisée à l'échelle européenne est susceptible d'obtenir quelque efficacité, et une telle taxe aux frontières de l'UE aurait pour mérite de réduire le dumping environnemental.
Mais 30 secondes plus tard, le président assène : "Je suis contre le protectionnisme". J'aimerais bien savoir comment le président de la République définit le protectionnisme, quel sens il donne à ce mot. Il propose de taxer les produits importés, puis se présente ensuite comme opposé au protectionnisme. La contradiction ne lui apparaît visiblement pas. Il se trouve que la taxe carbone est une mesure protectionniste. Mais Nicolas Sarkozy pense comme de nombreux économistes que "protectionnisme" est un gros mot et qu'il faut s'en méfier comme de la peste, alors qu'en réalité chacun met en place dans son coin des mesures protectionnistes.
Le problème ne relève d'ailleurs pas seulement du lexique ou de la logique. La mise en place d'une taxe carbone aux frontières de l'UE est souhaitable, mais impossible dans le cadre de l'UE actuelle. L'ultra-libéral traité de Lisbonne empêche purement et simplement la mise en œuvre de telle mesures protectionnistes. Traité de Lisbonne qui a été promu entre autres par Nicolas Sarkozy...
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