N88
Le siège de la Commission européenne à Bruxelles


Les producteurs français de fruits et légumes ont appris la semaine dernière qu'ils allaient devoir rembourser des subventions publiques versées entre 1992 et 2002, pour un total de 500 millions d'euros (voire 700). L'État Français n'avait paraît-il pas informé la Commission de la teneur de ces subventions, contrairement à ses voisins italiens et espagnols. Faut-il donc croire qu'il n'y a derrière cette affaire qu'un problème de transparence ? Bien sûr, on ne peut qu'être indigné devant l'absence de prise de responsabilité par l'État, qui demande grosso modo aux agriculteurs de payer pour les erreurs commises par les gouvernements successifs, de droite comme de gauche. Mais en réalité, les enjeux vont bien au-delà de ces déficiences étatiques nationales. La Commission européenne de Bruxelles semble avoir un problème avec les États en général, et avec l'État Français en particulier.

Faire confiance au Marché

La Commission semble être douée d'une confiance totale dans le Marché, au point de considérer d'après elle qu'il se régule tout seul. Ainsi, dès que l'occasion se présente, Bruxelles prend parti contre les États qui ont osé intervenir dans leurs économies. Récemment, l'État Français a dû se montrer persuasif pour faire accepter son plan de relance appliqué au secteur de l'automobile. Bruxelles ne voyait dans ce plan de relance qu'un interventionnisme de l'État excessif, contraire à son dogme de la libre concurrence. D'ailleurs, tout a été entrepris depuis une quinzaine d'années pour que le rôle des États au sein de l'UE soit minoré. Les dérégulations, comme celle de la PAC, ne sont pas à interpréter autrement...

L'ultra-libéralisme forcené de Bruxelles

Cette manie des dérégulations, la Commission la puise dans son dogme de la "concurrence libre et non-faussée". Les États ne doivent pas subventionner, ne doivent pas intervenir, car ils fausseraient la concurrence. Les subventions sont considérées comme "illégales". Mais Bruxelles n'a visiblement toujours pas compris que la concurrence était depuis bien longtemps faussée, tant les législations sociales et environnementales divergent d'un État à l'autre. Peut-on encore parler de "concurrence libre et non-faussée" lorsque ramasser un kilo de pêches en Espagne coûte deux fois moins cher qu'en France ? Peut-on encore parler de "concurrence libre et non-faussée" dans le domaine industriel face aux conditions de production en Chine, ou toute législation sociale, et a fortiori environnementale, semble inexistante ?

La crise du système néolibéral aurait dû avoir au moins un avantage : conduire à l'acceptation par Bruxelles du rôle que les États peuvent être désireux de jouer dans leurs économies en difficulté . Ce n'est visiblement pas pour tout de suite...


2 Responses
  1. JanSheng Says:

    C'est l'État français qui souhaite donner plus de pouvoir à Bruxelles.Du moins c'est l'impression qu'il donne...surtout quand ça va mal.
    Bonne fin de journée


  2. N88 Says:

    @ JanSheng :
    C'est malheureusement vrai. L'État français croit trouver son compte dans cette perte de pouvoir car il n'est désormais plus tenu pour responsable. Mener une politique d'interventionnisme économique équivaudrait au retour de la responsabilité étatique. Alors l'État signe bien volontiers des traités qui le désengagent...
    Bonne soirée à vous.


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