N88
Raisons d'espérer

Il semblait difficile de terminer cette série d'articles relatifs au traitement de l'information politique par les médias sans une note d'optimisme. Et c'est Internet qui nous l'offre. Par la diversité des points de vue proposés et la liberté de ton qui y règne, le web est heureusement là pour nous permettre de rompre avec la monotonie solennelle des médias télévisés.

Les Républiques du Web

Les blogs et les sites Internet ont des avantages considérables sur les médias traditionnels. Ils ne sont tenus ni par le temps, ni par une engeance financière conséquente. Il en résulte une information beaucoup plus libre que de nombreux autres médias ne pourraient se permettre de publier. On pourrait cependant penser que le pouvoir politique d'Internet reste limité. Ce n'est plus vrai aujourd'hui. Il suffit pour s'en rendre compte de prendre l'exemple de la loi Hadopi. Des sites comme Numerama, PC Inpact ou la Quadrature du Net ont acquis une influence considérable. Ils jouent un rôle politique non négligeable dans la diffusion et le décryptage de l'information. D'ailleurs, comment parvenir aujourd'hui à bien s'informer sur cette loi sans Internet ? Le discours des médias télévisés est simpliste à souhait: les pirates sont des méchants voleurs ( l'industrie du disque n'étant bien sûr nullement en cause) et celui qui télécharge illégalement est comparé à un assassin de la route, voire même à un pédophile si l'on en croit les récents propos de Michèle Alliot-Marie... On comprendra aisément dans ce contexte qu'Internet apparaisse comme une bouffée d'air frais dont nous ne pourrions plus aujourd'hui nous passer. Si le Web tend à devenir un acteur politique à part entière, même hors période électorale, nous n'allons pas nous en plaindre. Il brise le bipartisme et permet enfin aux petits partis privés d'antenne d'avoir un relai d'opinion. C'est sans doute pour cela qu'il fait l'objet d'une tentative de contrôle.

Une tentative de contrôle vouée à l'échec

Cette tentative de contrôle du Web (l'expression peut paraître outrancière, mais c'est bien de cela dont il s'agit) a été récemment décryptée par Numerama dans un excellent article qui tente d'assembler les pièces du puzzle. L'Hadopi, puis la Loppsi ( loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure) ont effectivement de quoi inquiéter. La Loppsi prévoit ni plus ni moins l'installation de mouchards électroniques, la légalisation des chevaux de Troie comme mode d'écoute à distance, la création d'un fichier nommé "Périclès" contenant un certain nombre de données personnelles, ou encore (mais la liste n'est pas exhaustive) l'obligation pour les Fournisseurs d'Accès à Internet de bloquer l'accès à des sites dont la liste aura été déterminée par l'administration. Sans verser dans la paranoïa, de tels projets de lois sont assurément dangereux. Mais l'on constate que ces projets rencontrent logiquement de nombreux opposants. Sans parler de l'adoption de l'Hadopi sans cesse retardée, la Loppsi pourrait bien subir le même sort. Nous avons la naïveté de croire que cette tentative de contrôle du net est vouée à l'échec. Il faut du moins l'espérer. Car n'en déplaise à Mr Denis Olivennes, qui affirmait le mois dernier qu'"Internet est le tout à l'égout de la démocratie", le Web est l'une des plus belles choses qui soit arrivée à notre République depuis bien longtemps.
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