État de la presse écrite
Le marché de l'information
Le syndrome Gala
Si les insuffisances de l'information politique proposée par les médias audiovisuels ne sont plus à démontrer, qu'en est-il de la presse écrite ? Elle a subi ces dernières années de profondes transformations, et semble-t-il pas toujours dans l'intérêt du lecteur-citoyen...
Le marché de l'information
Ce qui surprend le plus depuis déjà plusieurs décennies, c'est le rachat quasi systématique d'un certain nombre de titres de la presse écrite par des grands groupes financiers. L'information est devenue un marché d'affaires comme un autre, où la solvabilité et les bénéfices des groupes concernés comptent avant tout. Si l'on regarde le paysage de la presse écrite d'aujourd'hui d'un peu plus près, on se rend compte que plusieurs grands groupes se partagent le butin. LVMH (qui s'occupe aussi de cosmétique et de joaillerie) possède les Échos, le groupe Lagardère Le Journal du Dimanche et Paris Match (mais aussi soit dit en passant de nombreuses radios dont Europe 1), Serge Dassault la Socpresse qui publie entre autres le Figaro, et François Pinault Le Point, via la holding Artémis.
La constitution de ces véritables conglomérats de l'information est d'autant plus gênante que leur lien avec le pouvoir politique est parfois trouble. Ainsi, la proximité entre Arnaud Lagardère et Nicolas Sarkozy n'est plus à démontrer, l'homme d'affaire ayant d'ailleurs été promu chevalier de la Légion d'honneur en janvier dernier. Quant au sénateur UMP Serge Dassault, le savoir à la tête d'un groupe de presse n'est pas vraiment rassurant, puisque l'homme avait affirmé au cours d'un entretien publié dans Le Monde en 2004 que les journaux devaient diffuser des "idées saines" (?) car "nous sommes en train de crever à cause des idées de gauche". Disons que Serge Dassault a une conception bien particulière de la pluralité d'idées sensée régner dans les médias... Au -delà de ces partialités assumées, le lien de plus en plus ténu entre l'information et le monde des affaires semble avoir renforcé l'uniformisation de la presse.
La constitution de ces véritables conglomérats de l'information est d'autant plus gênante que leur lien avec le pouvoir politique est parfois trouble. Ainsi, la proximité entre Arnaud Lagardère et Nicolas Sarkozy n'est plus à démontrer, l'homme d'affaire ayant d'ailleurs été promu chevalier de la Légion d'honneur en janvier dernier. Quant au sénateur UMP Serge Dassault, le savoir à la tête d'un groupe de presse n'est pas vraiment rassurant, puisque l'homme avait affirmé au cours d'un entretien publié dans Le Monde en 2004 que les journaux devaient diffuser des "idées saines" (?) car "nous sommes en train de crever à cause des idées de gauche". Disons que Serge Dassault a une conception bien particulière de la pluralité d'idées sensée régner dans les médias... Au -delà de ces partialités assumées, le lien de plus en plus ténu entre l'information et le monde des affaires semble avoir renforcé l'uniformisation de la presse.
Le syndrome Gala
Du côté des "news magazine" (comme Le Point, le Nouvel Observateur ou encore L'express), ce sont les unes récentes qui laissent pantois. Prenons l'exemple de la une du Point de cette semaine. Le magazine titre : "Rama Yade, l'insolente". Le sommaire est prometteur : "Punie par Sarkozy/Star malgré tout/Comment elle prépare sa revanche". Voilà une couverture que Gala ou Point de vue n'auraient pas reniée. C'est prodigieusement inintéressant. Pourtant, d'Hadopi à la réforme du travail le dimanche, les sujets ne manquent pas. Et n'en déplaise au Point, la fonction d'un ministre n'est pas d'être une star, mais de servir la France. La semaine précédente, les abonnés du Point avaient droit aux "Copains de Carla". Ils en ont de la chance les abonnés du Point !
Du côté du Nouvel Observateur, la situation a beaucoup changé depuis un an. Le magazine avait une ligne éditoriale plutôt de gauche, souvent même antisarkozyste. Mais c'était avant l'arrivée de Denis Olivennes. Il est devenu directeur général délégué du Nouvel Observateur en mars 2008. Ce dernier prétend que la ligne éditoriale n'a pas changé, mais la récente interview "exclusive" et complaisante du chef de L'État le 2 juillet dernier n'a visiblement pas satisfait tous les abonnés, si l'on en croit du moins la teneur des courriers des lecteurs reçus par la rédaction... D'ailleurs, la Société des Rédacteurs du Nouvel Observateur, habituée à une autre tonalité, a protesté contre "les conditions dans lesquelles a été réalisé l'interview de Nicolas Sarkozy". Les journalistes et les Rédacteurs en chef n'avaient effectivement pas été consultés avant la préparation de l'interview, effectué à la seule initiative de Denis Olivennes. Ce même Denis Olivennes qui, faut-il le rappeler, est à l'origine du projet de loi Hadopi et qui a été promu chevalier de la Légion d'honneur en 2008...
Du côté du Nouvel Observateur, la situation a beaucoup changé depuis un an. Le magazine avait une ligne éditoriale plutôt de gauche, souvent même antisarkozyste. Mais c'était avant l'arrivée de Denis Olivennes. Il est devenu directeur général délégué du Nouvel Observateur en mars 2008. Ce dernier prétend que la ligne éditoriale n'a pas changé, mais la récente interview "exclusive" et complaisante du chef de L'État le 2 juillet dernier n'a visiblement pas satisfait tous les abonnés, si l'on en croit du moins la teneur des courriers des lecteurs reçus par la rédaction... D'ailleurs, la Société des Rédacteurs du Nouvel Observateur, habituée à une autre tonalité, a protesté contre "les conditions dans lesquelles a été réalisé l'interview de Nicolas Sarkozy". Les journalistes et les Rédacteurs en chef n'avaient effectivement pas été consultés avant la préparation de l'interview, effectué à la seule initiative de Denis Olivennes. Ce même Denis Olivennes qui, faut-il le rappeler, est à l'origine du projet de loi Hadopi et qui a été promu chevalier de la Légion d'honneur en 2008...
Dans ce contexte, il est difficile de trouver des raisons d'espérer, quant à une meilleure tenue de l'information politique dans notre pays. Pourtant, certains magazines, moins connus et subissant des engeances financières moindres, proposent certainement d'excellentes analyses, sérieuses et argumentées. Mais la véritable source d'optimisme aujourd'hui est ailleurs, et c'est du côté d'Internet qu'il faudra la chercher.
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